TANT VA LA CRUCHE HULOT…

 

 

Nicolas Hulot a fini par trouver le courage de mettre fin à une situation ubuesque.

Ce n’est pas un mince mérite.

Dans une époque dominée, ou plutôt confisquée et écrasée par les pervers narcissiques, ces as de la communication, ces story-tellers dont le seul but est de meubler leur vide intérieur en se sentant exister toujours davantage dans les yeux d’autrui et à ses dépens, la sincérité d’Hulot, son idéalisme et son goût pour l’empathie faisaient tache tout en le rendant vulnérable aux manipulations intéressées des Tartuffes qui l’avaient attiré dans le piège d’un « pouvoir » d’avance miné.

Sans trop vouloir l’avouer, Hulot en a eu assez d’être fait ouvertement cocu à longueur de mandature par ces prétendus « amis » dont il était très vite devenu l’otage.

Hulot a le mérite de croire à l’amitié, ce qui est en politique le comble de la naïveté. Mais si sa bonne nature l’a fait s’égarer un temps dans les jeux stupides et désastreux de ceux que j’appelle les « PETIT.E.S CON.NE.S », il n’en a pas moins depuis le début raison sur le fond.

Particulièrement quand il souligne, avec l’honnêteté qui le différencie des politiciens tarés qu’engendre par nature la détestable Ve République, les contradictions tant personnelles qu’universelles inhérentes à l’espèce humaine, contradictions que le progrès technologique a rendu ingérables.

Il y a incompatibilité entre le caractère infini de nos désirs et de nos ambitions et l’évidente finitude de notre planète : depuis que nous avons les moyens de nos fantasmes, nous nous suicidons avec l’allégresse de l’inconscience et l’obstination de l’aveuglement volontaire.

La mutation technologique appelait une mutation de l’espèce qui pour l’heure n’est pas même entamée. Nous jouons avec la chimie et le nucléaire comme des nourrissons avec une boîte d’allumettes ou une bouteille de déboucheur de chiottes ; nos motivations et nos comportements sont ceux des enfants de 4 ans, comme le prouvent après tant d’autres les errements aussi stupides que cyniques des deux têtes de l’exécutif, qui battent tous les records d’incompétence, d’autosatisfaction, de malhonnêteté et d’autoritarisme pourtant portés à des hauteurs himalayesques par leurs prédécesseurs.

Le constat de Nicolas Hulot ne servira peut-être à rien, parce qu’il est trop évidemment indiscutable. Le seul moyen de le recevoir, pour une société humaine en pleine déliquescence, est le déni.

Les efforts que demanderait l’effondrement écologique en cours sont bien trop importants pour être acceptés, du moins tant que chacun de nous espère contre toute évidence pouvoir tirer son épingle du jeu.

Mais du jeu planétaire, du jeu des éléments, nul ne peut retirer son épingle.

Le jeu ne nous a jamais appartenu, et il s’apprête à continuer sans nous…

Si la démission aussi courageuse que logique de ce ministre atypique pouvait être une piqûre d’épingle aidant à dégonfler la prétentieuse baudruche de nos illusions et à nous faire prendre conscience de l’urgence d’agir pour de bon, Hulot n’aurait pas perdu son temps, et sa lucide naïveté aurait eu raison du cynisme aveugle de ces ratés de l’évolution que sont hommes et femmes de pouvoir, de paraître et de profit.