Ce qui se passe ces jours-ci à l’occasion de deux morts montés en épingle en dit long sur l’état de déliquescence d’une humanité arrivée au dernier degré de la schizophrénie paranoïde…
Avant d’aller plus loin dans l’expression de mon rejet catégorique du délire collectif auquel on nous invite, je voudrais vous proposer de mettre ces « événements » en perspective en faisant l’acquisition, pour 9,50 €, soit pour beaucoup moins cher que le prix d’une place à un concert de Monsieur Smet, du livre le plus clair, le mieux informé, le plus complet et le plus cohérent à ma connaissance sur la situation actuelle de l’espèce humaine et de la planète qui a la malchance de l’avoir mise au monde :

L’ÉVÉNEMENT ANTHROPOCÈNE
La Terre, l’histoire et nous
par Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz,


dont une nouvelle édition complétée est disponible dans la collection de poche POINTS HISTOIRE sous le numéro H 517.
Il s’agit d’une mise au point capitale, dont l’ami Klépal a rendu compte par deux fois dans son blog, épistoles improbables :

Que se passe-t-il sur Terre depuis au moins un quart de millénaire ?

Comment en sommes-nous arrivés là ?[1]

J’’espère trouver le temps de revenir sur ce livre qui décrit à l’aide d’une approche scientifique formidablement documentée le déroulement des événements et l’enchaînement des causes et des conséquences tout en pointant clairement les responsabilités du désastre en cours. Et c’est plutôt plus facile à lire que les œuvrettes du soporifique Jean d’O… tout en étant infiniment plus nourrissant !
Mais pour l’heure, place aux bouffons et à leur Carnaval !



AU ROYAUME DES BOUFFONS,
ON EST PRIÉ D’HURLER AVEC LES MOUTONS…



Il y a des limites.
Pardon, il y avait des limites.
Sous le règne ostentatoire de Bouffonicule 1er, l’obsédant tam-tam du grand décervelage frappe plus fort que jamais, écrasant sous le roulement de tonnerre de son carnavalesque renversement des valeurs tout bon sens, toute pudeur et toute intelligence.
La stupidité, naturelle ou calculée (on ne sait plus, mais le sait-elle elle-même ?) se déploie, s’épanouit, exaltée par le cynisme et gorgée du mépris de tout ce qui n’est pas elle-même.
D’Ormesson, « superficiel par profondeur », Johnny, l’égal de Victor Hugo…
Il fut un temps où proférer de pareilles conneries aurait suffi à disqualifier définitivement même le plus respecté des vieux sages. Nous n’en sommes plus là.
La France, dans sa hâte à rejoindre le grand concert débile et autodestructeur de la mondialisation, met les bouchées doubles, et proclame « héros français » par excellence un pitoyable clone du rock US, parasite d’une musique à laquelle il n’a jamais rien compris, chanteur incapable d’écrire une chanson, fuyard fiscal assumé, et comble d’élégance, ingrat envers ses fans désargentés au point d’aller se faire enterrer à Saint-Barth’ !
Un pays qui veut pour idoles des d’Ormesson et des Halliday, deux formes cousines (pseudo aristo et pseudo populo) de vulgarité soumise à tous les pouvoirs et soigneusement masquée sous des poses faussement rebelles, n’est pas seulement un pays qui a perdu tout respect de lui-même, c’est aussi un pays dénaturé qui cherche un pauvre salut dans le recours systématique à l’imposture, dans la culture du relativisme, dans la promotion de la bêtise et l’adoration de la corruption.
Un peuple qui accepte qu’on lui chante de pareilles chansons et entonne gaillardement le refrain à l’unisson ne mérite pas mieux que le nouveau code du travail qui entérine son esclavage volontaire.
Unanimité à vrai dire en partie provoquée, développée, surjouée et instrumentalisée, comme le prouve la façon dont, à la remorque des pouvoirs publics privatisés qui donnent désormais le la de la communication-manipulation, le France-Inter de Demorand s’est surpassé dans l’adoration béate du consensus mou et de l’encéphalogramme plat.
Nous sommes sans doute assez nombreux à avoir fermé ce robinet de limonade éventée servilement alimenté par les Messieurs Loyal de l’info du spectacle, qui à force de chercher avec succès à nous décérébrer, ont réussi, juste retour des choses, à griller les quelques neurones qui pouvaient les perturber dans l’accomplissement de leur basse besogne.
Comment une radio qui compte encore quelques vrais bons journalistes et quelques émissions remarquables peut-elle accepter de tomber si bas qu’on croirait entendre France 2 moins l’image ?
Jusqu’à inviter le pitre de service, l’inévitable Lucchini venu jouer la sempiternelle partition du parvenu radoteur et fier de l’être, crachant comme à chaque fois sur les « bobos de gauche prétentieux et snobs » la haine d’une droite encore plus rance que décomplexée…
Et s’efforçant de recueillir au passage, en cabot avisé, quelques rayons de l’aura du Dieu vivant décédé en faisant étalage de l’amicale intimité qu’il entretenait avec Lui.
C’est que si on veut être populaire, il faut savoir hurler avec les moutons.
Quitte à échanger en douce des clins d’œil complices, entre pharisiens.

Pendant ce temps-là, la vraie vie continue, non, pardon, la vraie vie se meurt, tuée par les parasites que nous sommes tous devenus, sous la houlette des d’Ormesson, des Lucchini, des Johnny et des petits salauds qui mettent en scène ces marionnettes pour nous faire oublier la réalité de notre servitude volontaire.


Post-scriptum :
Sur ce même sujet, le même Klépal a fait part de sa réaction :