VENISE, PRÉSENCE DE L’ABSENCE

une exposition d’Alain Sagault
Musée-Muséum départemental des Hautes-Alpes, 6 avenue Foch, 05000 Gap, du 19 mai - 25 août 2018

Vernissage à 18h30 samedi 19 mai 2018
dans le cadre de la Nuit européenne des Musées

Autour d’un leporello des deux rives du Canal Grande réalisé par Stefano Arienti et prêté par le FRAC-PACA, le Musée-Muséum départemental à Gap m’a proposé de partager l’image de Venise peu à peu engendrée au fil des nombreux séjours de travail effectués depuis plus de 35 ans au cœur de cette ville incomparable, séjours relayés sur les Hautes-Alpes par plusieurs résidences artistiques.

Les quatre approches que j’y ai pratiquées sont réunies dans cet espace consacré à Venise :
- dans les vitrines, l’approche de la vie vénitienne, avec quelques témoignages des rencontres qui m’ont permis de développer les trois autres approches.
- l’écriture, avec des enregistrements de quelques-uns des textes que m’ont inspiré Venise et les vénitiens.
- au sol et à l’écran, la symbolique, avec mes recherches sur la présence des arcanes du Tarot à Venise.
- aux murs enfin, l’approche picturale, avec 70 aquarelles choisies évoquant les infinies variations des couleurs de la lumière sans cesse recréées par le perpétuel jeu des éléments dans la lagune.

VENISE, PRÉSENCE DE L’ABSENCE



Voici quelques phrases extraites du texte de présentation que vous trouverez dans le document PDF ci-dessus :

VENISE ET LES TAROTS


Les vénitiens, en vrais réalistes, ont toujours su faire la part de ce qu’une raison rationaliste définit comme l’irrationnel.
Des énergies de l’univers, des formes où elles s’incarnent dans l’imaginaire humain, ils ont tiré une symbolique du quotidien, partout présente dans la ville, dans les monuments mais aussi dans les « sculture erratiche » qui en parsèment les murs.
Dans ce domaine, les tarots ont peut-être influencé Venise, par laquelle ils sont sans doute entrés en Occident. Mais ils ont peut-être plus encore été influencés par Venise. La fixation des images de leurs arcanes intervient plutôt tardivement par rapport à l’édification de la ville.
Quoi qu’il en soit, le Tarot permet de se livrer à une sorte de jeu de piste dans le labyrinthe vénitien, à la découverte des très anciens symboles qui incarnent les énergies qui nous animent. Quand on part à la recherche des Tarots de Venise, on est moins un touriste qu’un voyageur, parce qu’on a un but et un trousseau de clefs. On se lance dans une quête presque aventureuse, où les tirages des arcanes favorisent les événements inattendus, ces rencontres de hasard qui semblent ne rien devoir au hasard…
Cette approche nous permet aussi de découvrir la vision symbolique du monde, fondée sur l’image et la perception analogique, qui est absolument centrale dans la civilisation moyenâgeuse et perdure, plus ou moins occultée – voire occulte – jusqu’au début du 18ème siècle.
Vision qui met en forme la ville, qui en impose le plan et en organise le fonctionnement, et à Venise plus que partout ailleurs, puisqu’à Venise l’esprit ne cesse de se faire chair, et l’abstraction de se concrétiser.
La présence des symboles est constante à Venise. Nécessité intérieure et choix politique, volonté d’imposer une image à autrui, mais aussi à soi-même. Le vénitien raconte sans cesse sa légende, et en même temps se la raconte…
Mais Venise et son Canal Grande ne sont que la partie émergée de la lagune, cette étendue aux limites indiscernables qui mêle si bien les éléments entre eux qu’elle nous fait entrevoir l’infini.

LA LAGUNE ET L’AQUARELLE :
PRESQUE RIEN, POUR PEINDRE LE SILENCE


Car on ne peut séparer Venise de sa lagune, il n’existe pas de Venise hors d’eau.
Sa matrice, son berceau, sa nourrice et son écrin : la lagune est tout cela pour Venise, qui lui doit ses chatoiements sans cesse renouvelés, ses poudroiements de lumières irisées, les moires de ses reflets, les velours plombés de ses impalpables brumes.
Des nuances infinitésimales, de liquides fusions, les couleurs de la lumière, presque rien, juste le perpétuel jeu des éléments en amour, un jeu à faire revivre par le truchement de l’aquarelle, jusqu’à peindre le silence. Ce « silence éternel des espaces infinis » qui ne devrait en rien nous effrayer puisque nous en faisons partie et lui devons aussi bien notre présence au monde que l’absence qui la précède et la conclut…

Alain Sagault, Présence de l'absence, © Sagault 2010
Alain Sagault, Présence de l’absence © Sagault 2010

Renzulli nel suo antro, Venise 2013
Renzulli nel suo antro, Venise 2013

XIIII TEMPÉRANCE
XIIII TEMPÉRANCE

LE PUITS DE LA TEMPÉRANCE
LE PUITS DE LA TEMPÉRANCE

Alain Sagault, Au matin l'hiver avait gelé la lumière 10x24 cm 2016
Alain Sagault, Au matin l’hiver avait gelé la lumière, aquarelle, 10x24 cm 2016


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