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Tempera

dimanche 15 janvier 2006, par Alain Sagault

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 TEMPERA

Ce qui est merveilleux dans la détrempe à l’œuf, c’est qu’elle associe naturellement - organiquement - éclat et transparence des couleurs.
Entre le jaune d’œuf et les pigments, la lumière se joue à l’infini : répartis plus ou moins irrégulièrement, les minuscules points du pigment mettent en pleine lumière toutes les nuances possibles de leur couleur.
Ce sont à mes yeux les couleurs à la fois les plus pleines et les plus fines, des couleurs qui chantent comme un vitrail au soleil.
Elles ont quelque chose de doux et de barbare à la fois, passant d’un instant à l’autre des teintes les plus délicates aux rutilances les plus violentes.
Terribles à apprivoiser, mais regorgantes de vie. Voyez les primitifs...
C’est précisément ce que j’aime dans la tempera : c’est une peinture primitive.
Pas primaire. Primordiale. Originelle.

 PEINDRE

Lisant les Propos sur la peinture de Citrouille amère - vraiment un surnom de moine zen ! -, je me dis que j’essaye d’ « ouvrir » ma peinture : il ne s’agit plus seulement que l’idée précède le pinceau, mais que ce qui préexiste à l’idée puisse à nouveau sortir, et même avant elle, car l’idée pousse sur l’émotion.
Autrement dit, pour avoir une vraie idée, il nous faut retrouver l’émotion. Nous sommes si habitués à penser que nous ne ressentons plus.
C’est bien beau d’abstraire, mais ça ne peut se faire qu’à partir d’une réalité concrète, vécue.
Cesser de penser, retrouver l’instinct, faire place à la spontanéité, ce n’est pas refuser de réfléchir, c’est remettre la pensée à sa place : au cœur du présent.
C’est comme en improvisation : laisser jouer l’inconscient, pour que le conscient puisse l’organiser. Car ce n’est pas à celui qui commande de faire.
En cela, je m’oppose, au moins en apparence à mon ami Renzulli.
Si tu vois trop ton tableau, tu n’es plus un voyant ! Tout savoir d’avance, c’est figer le mouvement : objectif d’ailleurs intéressant, mais en peinture, je n’aime pas la photo. La bonne peinture, pour moi, c’est du cinéma : de la couleur en mouvement, de la couleur qui prend vie.
Je n’aime pas la couleur en conserve.
Et les formes ? me dira-t-on. La forme naît de la couleur, et inversement : ce sont les deux aspects d’une même vibration. Si ma forme est juste, elle prendra sa vraie couleur ; si ma couleur est juste, elle trouve sa vraie forme : la couleur coule naturellement dans la forme, comme la forme se répand dans la couleur.
C’est ainsi que cela se passe quand je ferme les yeux : formes et couleurs ne cessent de couler les unes dans les autres, et je ne crois pas que ce soit hasard si dans couleur il y a coule...
C’est d’ailleurs pour ça que je ne peins pas des paysages : je raconte des voyages.