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Théâtre

dimanche 15 janvier 2006, par Alain Sagault

L’AMANT, Harold Pinter, Théâtre de l’Épicerie, 1984
mise en scène Philippe Ferran, avec Marie-Catherine Conti, Niels Arestrup, Alain Sagot
Au théâtre, a notamment travaillé comme comédien depuis 1980 avec Jean Brassat, Alain Gautré, Rainer Wettler, Jacques Lecoq, François Cervantès, Philippe Ferran et Philippe Hottier (Festivals d’Avignon, du Marais, de Fribourg, de Martigues, etc).
Premier rôle dans de nombreux courts-métrages (J.G. Guéran, P. Laethier, G. Perrotte, P. Setbon, P. Simonnet).
Publicité et films de communication : FCB France, Codotussyl, Hilti, Mutualité Agricole, Outils Leclerc, UAP, Studio "K", Prosper Productions, "A" Productions, Viva Production.

Pour le théâtre, Sagault a écrit Ascension et Cinq pièces courtes.
L’une d’elles, Far finta, a fait l’objet d’une lecture publique par l’association « Les Mots-Parleurs », au cours du Point de rencontre consacré à Sagault en octobre 91. Les Mots-Parleurs ont présenté une mise en espace de cette même pièce dans le cadre de la première Semaine de l’Inédit Théâtral d’Alfortville, en décembre 91.
Far finta a été créée à La Ferme-Théâtre à Besançon en août 2001 dans une mise en scène d’André Mairal.

A créé et animé l’Atelier-Théâtre de la Présence de 1982 à 1993. Dans les Alpes de Haute-Provence, a créé et dirigé l’Office Municipal de la Culture de Barcelonnette en 90. Animateur et metteur en scène de la Compagnie du "Qu’en dira-t-on ?", qu’il a créée en 90 et qui a donné en juin 91, une adaptation de deux farces de Tchékhov, mise en musique par Frédéric Giorgetti : L’Ours et Une demande en mariage, spectacle repris à Barcelonnette en juin 92. En 92, la compagnie a créé P’tit Déj, entremets pour quatre comédiens avec public obligé, d’après une des nouvelles de Sagault.

Il a par ailleurs créé et animé pendant quinze ans l’association Les Jeux du Hasard, qui se proposait de promouvoir l’improvisation sous toutes ses formes, notamment à travers les ateliers qu’il a donnés dans le cadre de l’Atelier-Théâtre de la Présence, à Paris, Rodez, Vierzon et Barcelonnette (à la demande dans cette ville des associations Cumul’arts et La Galerie du Verseau). Il a animé en tant qu’intervenant extérieur des ateliers de théâtre pour des classes de CM1 et CM2 (création du spectacle À la découverte des animots en 1994) et des ateliers d’ écriture pour les enseignants. Dans le cadre du Printemps des poètes, il a animé en février 2002 un atelier d’ écriture poétique avec des élèves de sixième du Collège de Seyne, sur le thème : Dialogues de cailloux.

Formateur
A réalisé et mis en oeuvre pour le C.N.E.D. (Centre National d’Enseignement à Distance) l’Unité de Formation permanente pour adultes : « Théâtre et expression de soi », qui a notamment abouti à la création de l’Atelier-Théâtre de la Présence et à l’animation de stages de production d’écrits et de lecture à voix haute pour les instituteurs des Alpes de Haute-Provence et Forcalquier des Livres.
A créé et animé de 1983 à 1990 un module de formation « Découvrez votre présence ! », à l’intention des dirigeants, des cadres et des commerciaux. Principaux clients : Plein Emploi, France-Express, Gefco, AFT, E.C.I. Michel Cortial, C.C.I. Rodez-Espalion, PPCA.

FAR FINTA

Ils en rêvent depuis toujours, mais ils ne sont jamais allés à Venise, la ville symbolique par excellence, devenue par la grâce du tourisme capitale des clichés.
Murielle et Henry, 82 et 80 ans, ne veulent pas mourir sans avoir connu le lieu commun le plus éculé de l’imaginaire occidental, dont ils sentent bien qu’il recèle encore sous son masque mortuaire ricanant des trésors de magie.
Refusant de n’être que des touristes et de se contenter d’un déplacement sans enjeu, ils se veulent les organisateurs de leur propre voyage, qu’ils transforment en une quête de leur vérité intérieure et dans lequel ils espèrent trouver un moyen magique de transfigurer leur trop banal quotidien de petits vieux retraités pour voir renaître le mystère de leur couple.

Mais peut-on « organiser » jusqu’au bout un vrai voyage ?
Pour tenter d’incarner leur rêve, Murielle et Henry vont devoir composer avec la réalité. Or à Venise, nimbée de la brume du rêve, sans cesse la réalité se dérobe.
Pour mieux réapparaître dans sa brutale nudité le moment venu, quand on ne l’attend plus.
C’est qu’il n’est pas sans danger de décaper les lieux communs pour tenter de rendre une vie aux symboles et un sens à la vie : comme l’indique la couleur funèbre de ces embarcations, les promenades en gondole ne sont pas forcément des embarquements pour Cythère, surtout quand intervient ce qu’il faut bien appeler la limite d’âge...

On entend clapoter de l’eau, tout près.

MURIELLE, rêveusement

Il fait si calme, ce soir... Ecoute, c’est fou, on entend l’eau clapoter...

HENRY

Tu avais raison, finalement : c’était le jour idéal pour partir...

MURIELLE

Depuis le temps qu’on attend ça !

HENRY, empressé

Tu n’es pas trop déçue ? Depuis le début, j’ai peur que tu sois déçue...

MURIELLE

C’est ça qui te retenait ?

HENRY

Pas seulement... C’est quand même très loin, à notre âge ! Nous en avons tant parlé...

MURIELLE

Tu avais toujours une bonne raison pour ne pas partir.

HENRY

C’est tout le problème des voyages : quand on s’est fait une idée d’un endroit, est-ce que ça vaut encore le coup d’y aller ? Rappelle-toi Saint-Tropez...

MURIELLE, vivement

Tu étais ravi, pour finir : tous ces yachts, toutes ces filles seins nus, ou pire...

HENRY

Pas pire...

MURIELLE

PIRE.

HENRY

Il y en avait très peu qui étaient pires...

MURIELLE, agacée

Ne me dis pas que tu ne les as pas vues ! Tu étais rouge comme un coq, les yeux te sortaient de la tête... Tu prenais l’air détaché, mais tu as failli nous faire une attaque !

HENRY, perfidement

Je voulais dire qu’elles n’étaient pas pires du tout ; elles étaient même très jolies...

MURIELLE, catégorique

Avec toi, du moment qu’elles sont à poil, elles sont jolies ! Bon, sommes-nous venus ici pour fêter nos noces de diamant, ou pour parler de femmes nues ?

HENRY, rêveur

Ce qui compte dans un voyage, ce n’est pas ce qu’on voit, c’est ce qu’on imagine...

MURIELLE

C’est avec ce genre d’arguments que tu nous as tenus cloués à la maison toute notre vie !

HENRY

Le souvenir est une usurpation : c’est autant de volé à la vie ! Je te parie que la plupart des gens voyagent pour pouvoir faire des photos qui prouveront à leurs amis qu’ils y sont bien allés... ou pour se le prouver à eux... Peut-être pour avoir une bonne excuse pour ne pas y retourner, ou pour s’excuser de n’y avoir rien vécu ! On oublie si vite...

MURIELLE, avec aigreur

Ça dépend quoi...

HENRY
Je te jure que je les avais oubliées... Même les pires !

MURIELLE, furieuse

Mon oeil ! Tu voulais qu’on achète un appareil photo ! Pour le paysage !...

HENRY

Ça aussi, je l’avais oublié...

MURIELLE

Tu oublies tout ce qui t’arrange...

HENRY

Mais non. Moi, je ne voyage pas pour me souvenir, je voyage pour mon plaisir.

MURIELLE

Si je te dérange...

Un temps.

Si c’était vrai, tu ne parlerais pas tant !

HENRY

Ne bouge pas comme ça, tu vas gêner Monsieur...

MURIELLE, surprise

Monsieur ?... Ah oui !

HENRY

Tu vois : c’est toi qui oublies tout... Je parle pour me prouver que nous sommes LÀ. Par moments, j’ai du mal à y croire. Toi aussi, non ?

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