SIDÉRÉ

Cette fois, ça y est. DSK m’a enfin sidéré. J’ai regardé son « entretien » avec le mollusque qui gère l’une des cases horaires de ce réservoir à temps de cerveau vide qu’est TF1, et pour la première fois Dominique Strauss-Kahn, puisque cet alien a un nom, m’a, littéralement, sidéré.
Ce que n’avaient pu faire ni ses exploits « amoureux », ni ses « succès » économiques, les 24 minutes de communication dont il a daigné honorer ses concitoyens l’ont réussi.
La sincérité, l’honnêteté, la simplicité, le naturel, tout ce qui lui manque d’habitude, tout ce qui fait de nous des êtres humains dignes de ce nom, tout cela lui manquait plus que jamais.
Stupéfiant pouvoir de l’hypocrisie : rien, absolument rien d’humain dans ce masque de fourbe figé dans un orgueil dérisoire et stupide.
Gestes et mimiques d’autant plus révélateurs que l’on cherche à les contrôler : ah, comme chez Sarkozy, ces rafales de clignements d’yeux quand il ment ouvertement, comme si l’inconscient du pharisien faisait force clins d’oeil à ceux des spectateurs pour leur dire : Mon œil ! Mon œil ! Ah, cette posture en recul, menton hautain levé, œil noir sous un sourcil féroce pour regarder de haut, pour toiser les insolents qui oseraient demander des comptes et non des contes ! Ah, cette affectation d’humble gravité, constamment reniée par la colère qui par dessous bouillonne, la rage du puissant pris la main dans le sac !
Rien d’humain non plus chez la poupée Barbie supposée lui donner la réplique, et qui ânonne des questions aussi dépourvues d’épines que les roses artificielles auxquelles elle ressemble.
Et ce discours de joueur de bonneteau dégoulinant de malhonnête hypocrisie où se combinent en un magma répugnant sottise – qui croit-il tromper, cet abruti ? – et lâcheté – surtout ne pas être moi-même, surtout ne pas affronter la vérité –, ce côté ni vu ni connu j’t’embrouille, ce sommet de vulgarité d’âme…
En fin de compte, cette affaire est une chance : elle nous évite d’avoir à choisir entre le président sortant et son frère jumeau en ignominie.
Mon propos est violent. Il répond bien faiblement à la violence inouïe de ce spectacle révoltant, et dit mon dégoût face au mépris écrasant dont ce politicien manipulateur fait preuve vis-à-vis de ses concitoyens, de la vérité et de la dignité.
Pas de doute : cette fois, c’était sidérant.