FIGURATION SYMBOLIQUE
Définir ce que j’entends par cette expression qui ne veut pas être prétentieuse, mais signifier mon souhait de peindre autant que possible non un paysage particulier, mais l’âme de ce paysage. Il s’agit d’aller vers les archétypes à l’aide des « vrais » paysages.

PEINDRE
La peinture, ce n’est rien ; et en même temps, c’est tout. Et quand je peins, pour moi, c’est ce qu’il y a de plus important au monde. C’est pourquoi je peins relativement peu, parce que je suis rarement dans l’état où j’ai besoin d’être pour pouvoir peindre, pour que peindre ait un sens : je suis rarement digne de peindre, tout simplement.
Je ne peux pas peindre pour ne rien dire, peindre pour peindre ; il faut qu’il y ait l’élan, et sinon l’inspiration, du moins la respiration, le souffle qui permet s’il y a lieu à l’inspiration de venir.
La peinture, c’est exigeant, comme tout ce qui est gratuit ; c’est exigeant parce que c’est gratuit.
Le bonheur de peindre est si fort qu’il suppose une liberté d’esprit qui à elle seule demande un travail harassant. Il ne s’obtient qu’au prix d’une ascèse. Je ne parle pas des peintres qui pissent de la peinture comme d’autres de la copie, ceux-là n’ont besoin que du matériel, et leur travail, si habile soit-il, reste purement mécanique, ils peuvent donc le pratiquer par tous les temps.
Je ne suis pas un peintre tous temps. Pas même un peintre tout le temps. Je ne suis même pas le peintre du meilleur de moi-même, mais de ce qui à travers moi veut se peindre de ce qui me dépasse.
Je suis un peintre débutant ; j’espère bien rester à jamais un peintre débutant. Plus on se perfectionne dans son art, plus il faut travailler pour rester débutant et pouvoir ainsi utiliser et dépasser la maîtrise que l’on acquiert peu à peu, au lieu d’en devenir prisonnier.

TECHNIQUE
En matière artistique, la technique n’est rien, l’âme seule compte. Mais il n’y a pas d’âme sans technique. C’est pourquoi la technique est essentielle, à condition de ne jamais oublier qu’elle n’est qu’accessoire…
Je m’en rends compte en constatant les quelques progrès que j’ai faits en aquarelle : ils me permettent de déployer un peu davantage mes ailes, ils m’autorisent à respirer.
C’est aussi une des raisons pour lesquelles il est impossible à un enfant d’être un artiste ; un enfant, s’il travaille, peut devenir un artiste à condition de préserver l’enfant en lui.
Tout comme il est impossible à un adulte d’être un véritable artiste s’il n’honore pas l’enfant en lui. Cultiver l’esprit d’enfance devrait être notre grande affaire.
S’il y a si peu d’artistes dignes de ce nom aujourd’hui, c’est que dans nos sociétés l’esprit d’enfance a succombé à l’infantilisme, qui confond création et esbrouffe. Au lieu de faire comme si, on fait semblant de faire. Ce qui permet bien souvent de se passer de technique ! Tout bénéfice, puisqu’on se veut sans âme…